Plublié le 28 mars 2023
À l’heure de l’inflation galopante et de la perte du pouvoir d’achat, le sujet de la nature en ville peut paraître secondaire. Pourtant, à y regarder de plus près, la volonté de conserver et/ou développer des espaces végétalisés au sein et aux abords des résidences du logement social s’avère cruciale sur bien des points. Économie financière, adaptation et lutte contre le dérèglement climatique, développement de la biodiversité, promotion du lien social… Cet article démontre que la nature en ville demeure une question à ne pas sous-estimer… même avec l’arrivée des beaux jours.
Cela fait longtemps que l’intégration d’espaces végétalisés dans les opérations de construction ou de rénovation est quasi systématique au sein des différents bailleurs. C’est le cas chez Toulouse Métropole Habitat où, à ce jour, les espaces verts entretenus représentent 25 hectares sur le parc immobilier, soit 15 m2 par logement. En 3 ans, 350 arbres ont été plantés et déjà 430 en ce début d’année. Le bailleur toulousain anticipe même la couverture végétale de demain en adoptant depuis quelques temps une stratégie de pré-verdissement des terrains en attente de construction : ils laissent ainsi le temps à la nature de pousser ! “C’est davantage de vert mais c’est aussi plus de fraîcheur pour les habitants pendant les étés caniculaires” ajoute Luc Laventure, directeur général de Toulouse Métropole Habitat.
Pour Sud Massif Central Habitat, la nature en ville est une question peut-être un peu moins prégnante ! Il faut dire qu’avec un patrimoine majoritairement localisé dans des communes à dominante rurale, peu urbanisées, elle est déjà très présente ! Pour autant, les pelouses et autres espaces plantés représentent toujours une part significative du foncier du parc immobilier. Dès lors, sans qu’il soit question de réduire son ratio, la réflexion porte davantage sur l’adaptation de la couverture végétale existante au nouveau contexte. C’est ainsi que dès que cela s’avère possible, les pelouses consommatrices d’eau sont désormais remplacées par des massifs arborés plus adaptés aux grosses chaleurs. “Une adaptation qui entend limiter l’impact écologique mais également réduire les charges d’entretien pour les locataires” précise Sébastien Blanc, directeur de SMCH.
Les efforts de (re)naturalisation des bailleurs Hlm ne se limitent pas à l’implantation et/ou la gestion plus écoresponsable d’espaces verts. Ces derniers expérimentent de plus en plus souvent l’installation de jardins potagers au sein ou à proximité des résidences. Certains parlent “d’agriculture urbaine” : un concept qui en plus de pérenniser des espaces agricoles en ville, vecteurs de biodiversité, s’inscrit également dans le “mieux manger” et l’atténuation du phénomène de diminution du pouvoir d’achat – les produits de la terre se mangent !
Ces objectifs figurent parmi ceux portés par le collectif Edenn, dont le projet a été soutenu par le groupe des Chalets.
Concrètement, ce collectif exploite un espace de coopération et d’expérimentation dédié à l’agriculture urbaine et à l’alimentation responsable. Situé au nord de Toulouse, près du quartier prioritaire des Izards, l’Ecopôle Edenn (c’est son nom) réconcilie urbain et rural, au bénéfice de l’emploi, de l’environnement et des habitants. “On y retrouve notamment les Carrés Maraîchers (jardins partagés de 2500 m2) dont des locataires des logements du programme Oh! Mon Appart’ Étudiant, géré par le groupe des Chalets, bénéficient pour s’alimenter en légumes frais mais aussi pour rencontrer d’autres habitants du quartier !” explique Pierre Marchal, directeur général du groupe des Chalets.
Cette envie d’allier espaces de nature et renforcement du lien social anime Tarn-et-Garonne Habitat. Dans le cadre de France Relance, et en partenariat avec Montauban Services (régie de quartier) et Terreauciel (bureau d’études en agriculture urbaine), l’organisme Hlm montalbanais a initié un projet de jardin potager partagé. Réalisé en pied d’immeubles, au sein de la résidence Chambord à Montauban, à deux pas du centre ville, les locataires ont pu participer aux choix des variétés d’arbres et de plantes, au choix des outils à acquérir… Par-delà le côté écologique et pratique de ces nouveaux espaces de proximité, c’est surtout la bulle de partage apaisante qu’ils représentent que les locataires apprécient : “ils aiment se retrouver autour d’une activité saine en extérieur” raconte Linda Pradel, directrice générale de Tarn-et-Garonne-Habitat.
Ce type de projet est aussi l’occasion de renforcer la sensibilisation des habitants aux gestes éco responsables. C’est le cas dans les projets déjà évoqués mais aussi dans une série d’actions mises en place depuis plusieurs années par l’OPH31. Concrètement, certains de ses locataires (tous volontaires) sont formés à la gestion de composteurs installés en pied de résidence par la communauté d’agglomération du SICOVAL. C’est notamment le cas au sein des résidences des Écoles et de l’Odalisque à Castanet-Tolosan. “Ces locataires deviennent ambassadeurs du tri auprès de leurs pairs et participent aussi à l’entretien de la nature en ville” se félicite Thierry Besançon, directeur général de l’OPH31. En effet, le compost récolté est utilisé au cours du printemps pour l’entretien des espaces verts, des massifs de plantes et de fleurs en pied d’immeubles, mais aussi pour enrichir la terre des jardins familiaux de la commune.
La nature en ville renforcée par le ZAN : Consacrée en 2018 par le Plan Biodiversité, cette démarche consiste à réduire l’extension des villes en limitant les constructions sur des espaces naturels ou agricoles et en compensant l’urbanisation par une plus grande place accordée à la nature dans la ville. Zéro Artificialisation Nette (ZAN) demande aux collectivités de réduire de 50 % le rythme d’artificialisation et la consommation des espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici 2030 par rapport à la consommation mesurée entre 2011 et 2020.
Type de logement